Les avantages et risques de la cohabitation

Le mouvement de désinstitutionalisation a marqué ces dernières décennies l'ensemble des politiques sanitaires et sociales en France. Les personnes en souffrance psychique dont les troubles sont stabilisés ne séjournent pas à l'hôpital, qui ne gère plus que les périodes de crise.
L'autonomisation sociale et socio-professionnelle revendiquée par la notion d'empowerment, la reprise en main de son projet de vie propre à la notion plus récente de rétablissement s'inscrivent dans ce courant.
Nous ne dresserons pas le tableau détaillé des diverses situations envisageables dont la totale indépendance, mais nous retiendrons que si des structures d'accueil et des formes d'accompagnement existent, parmi les modalités de vie rencontrées, le soutien apporté par la famille et notamment par les parents de l'adulte reste fréquent. La cohabitation entre générations d'adultes paraît naturelle en termes de solidarité familiale.

 

L'aide familiale, au-delà de l'offre de logement, consiste en un soutien affectif, matériel et financier.
Ainsi, lorsque la personne hébergée n'est pas en mesure de faire seule les déplacements nécessaires à sa vie quotidienne (courses, rendez-vous...), ce sont souvent les proches qui se chargent de la conduire et parfois prennent à leur compte certains besoins. L'intervention peut également relever de gestes simples tels que l'entretien de la chambre, du linge, des vêtements, la confection des repas, la prise en charge d'achats effectués gracieusement ou autres dons.
En dehors des actes de la vie quotidienne, la présence des parents influe sur l'organisation du temps et la gestion des obligations administratives. En effet, les proches sont souvent présents face aux difficultés que représentent les démarches administratives pour faire valoir ses droits, allant pour certains jusqu'à relayer les bénéficiaires pour accomplir ce type d'action.
Au-delà du soutien matériel, les parents sont aux avant-postes pour accorder un soutien moral et affectif, compensant un éventuel déficit relationnel et social voire un risque de solitude et d'isolement.
Du fait de la cohabitation, la famille s'implique de la sorte sur de nombreux plans.

Or les interactions familiales peuvent être perturbées par les conséquences de cette cohabitation. De part et d'autre, elle peut être vécue comme une contrainte, un choix par défaut.
Quoi qu'il en soit, chacun va devoir s'adapter et faire avec les nouvelles implications relatives à la situation qui peut bouleverser les modes de vie de chaque protagoniste.
Pour chaque partie il va falloir faire des compromis, négocier, face aux difficultés qui immanquablement surviendront.
Il arrive parfois que des blocages, des incompréhensions persistantes, des dialogues impossibles génèrent un état conflictuel source de malaise et de découragement pour l'ensemble du groupe familial incapable de dépasser les problèmes. La présence d'agressivité verbale fragilisant la relation entre les membres de la maisonnée, la situation s'englue.

Avoir recours au service d'un tiers dans la perspective de dépasser le conflit, tel est l'enjeu de la Médiation Familiale. S'investir ensemble dans un processus de médiation familiale conventionnelle (de la propre initiative des personnes concernées) revient à se donner la liberté de faire évoluer les désaccords en s'entendant sur les moyens à mettre en œuvre pour rendre la cohabitation tolérable, et si possible bénéfique pour tous.

La Médiation Familiale

La médiation familiale est fréquemment présentée dans l'accompagnement de couples parentaux séparés ou en cours de séparation souhaitant s'accorder sur l'éducation de leurs enfants.
Toutefois elle s'applique à bien d'autres cas, et ces derniers temps a été mis en avant la pertinence de son offre dans des cas tels que les conflits de successions, les choix de vie d'une personne âgée en perte d'autonomie, les difficultés de relation entre adolescent et parent, la restauration de liens après une rupture avec un parent ou un enfant, les difficultés de cohabitation intergénérationnelle...
Citons pour illustrer le cas de grands-parents en rupture de relation avec leur fille qui leur empêche d'avoir tout contact avec ses enfants. Le code civil stipule leur rôle auprès de leurs petits-enfants et l'accès à la médiation familiale offre un abord moins traumatisant que le recours à la justice pour faire valoir leurs droits. Ou un père séparé de la mère de ses enfants qui à l'adolescence se sont éloignés de lui jusqu'à ne plus donner de nouvelles ensuite. Face à l'opposition de ses enfants jeunes adultes d'entretenir des relations, une médiation familiale peut être proposée pour que soit dénoué l'origine des demandes ou besoins de chacun. Autre situation, dans le cadre d'une succession une fratrie se déchire sur le sort d'une maison familiale pour laquelle certains accordent plus que d'autres une valeur affective s'opposant au souhait de s'en séparer. Dernier exemple, la perte d'autonomie d'une personne âgée réclame que des décisions soient prises concernant son avenir. Les proches aidants, les membres de la famille en général, voire la personne elle-même au centre du débat, ne s'entendent pas sur le choix qui marquera la suite de son existence. Le recours à la médiation familiale permettra à chacun de se sentir entendu afin de favoriser une décision satisfaisante pour tous.

Article rédigé par Christine LAMY, Médiatrice familiale en formation Udaf 94